En dépit du corpus écrasant de preuves des bienfaits des programmes d’échange de seringues en prison, rares sont les prisons qui autorisent la distribution de seringues stériles. Cela porte préjudice à la santé des personnes incarcérées, vu la prévalence croissante du VIH et du VHC derrière les barreaux. Cela donne lieu, par ailleurs, à un risque pour la santé publique, de manière plus générale : la vaste majorité des personnes qui purgent une peine d’emprisonnement finissent par retourner dans leurs familles et communautés. Or le grand public entend rarement parler des personnes les plus affectées par ce problème, dont la santé et la vie est en jeu. Quels sont les points de vue des détenus, sur le refus des Etats de répondre au problème? Comment cette politique, qui fait fi des réalités de l’injection de drogue en prison, affecte-t-elle les individus aux prises avec une dépendance à la drogue? Et qu’est-ce que cela implique pour l’ensemble de la communauté?
Le Réseau juridique canadien VIH/sida a cherché réponse à ces questions, et à bien d’autres, en interviewant des personnes aux quatre coins du Canada afin de mieux connaître leurs expériences d’usage de drogue par injection dans des établissements correctionnels fédéraux. Bien qu’ayant été recueillis au Canada, ces témoignages apportent un éclairage pertinent sur ce qui se passe dans toutes les prisons, au Nord comme au Sud.