Dans la lutte contre le sida, les personnes concernées et les associations au sein desquelles elles se sont regroupées, jouent un rôle incontournable : celui d’avoir pris en main la riposte au VIH.
L’expertise acquise en matière de prise en charge médicale et psychosociale, donne aux membres de la société civile une légitimité incontestable pour se positionner en tant qu’acteurs de plaidoyer et participer, aux côtés des autorités de santé, à l’amélioration des politiques publiques de lutte contre le sida.
Entendu comme influence des politiques publiques, le plaidoyer se démarque de la sensibilisation qui alerte, informe et veut faire adhérer le grand public à des messages, car il a pour but de faire intervenir un changement dans les politiques, de faire basculer une décision vers l’amélioration de la prise en charge des PVVIH.
Il se démarque également de la mobilisation des ressources (ou recherche de financements) que chaque structure doit mener, pour assurer son fonctionnement interne.
Les associations sont amenées à faire du plaidoyer car elles sont rattrapées par un constat qui entrave leurs missions : celui des dysfonctionnements fréquents qui font obstacles à la prévention, au dépistage et à un parcours de soins de qualité. Les discriminations subies par les PVVIH en général et les populations clés en particulier conduisent également les associations à mettre les autorités publiques face à leurs responsabilités, le plaidoyer n’est alors parfois que la demande de mise en application de dispositions déjà en vigueur, pour le respect des droits.
Le plaidoyer se décline par :
• des activités de lobby, à savoir la relation directe avec les autorités publiques et l’instauration d’un travail avec les leviers de la décision publique, la participation à des instances pour contribuer aux orientations stratégiques, apporter une expertise, ou encore pour faire remonter les entraves à l’accès aux soins et au respect des droits.
• le plaidoyer comprend également des activités en relation avec les médias : la médiatisation des revendications peut créer un climat favorable ou au contraire dénoncer des impasses.
• enfin, et avec toute la relativité nécessaire au regard de la diversité des contextes, le plaidoyer inclut aussi l’activisme et peut ouvrir la porte à des actions publiques, qui permettent aux militants de donner corps aux revendications, une pression exercée par la rue quand la situation l’impose (et le permet).
Partant des problèmes identifiés, et des lacunes auxquelles il faut remédier, les revendications et la stratégie de plaidoyer se déploient : une stratégie basée sur des revendications réalistes et intrinsèquement liée au contexte de chaque pays, même si les dysfonctionnements ont parfois des tendances similaires, on peut citer :
– l’accessibilité des traitements et les ruptures de stocks,
-la gratuité des soins parfois dévoyée,
– le suivi biologique et la disponibilité des réactifs,
– la enjeux de décentralisation et de personnel médical,
– la mise en conformité avec les recommandations internationales,
– la levée des entraves à l’application de textes existants,
– la formulation de solutions pérennes pour les populations clés,
– le combat contre la discrimination,
– le manque de financements nationaux et internationaux de la lutte,
– l’utilisation des fonds et les enjeux de transparence;
– rendre les objectifs d’accès universel réalisables et réduire drastiquement les morts dues au sida
… Autant d’axes de plaidoyer autour desquelles les associations se battent chaque jour.
Aujourd’hui dans les associations, la légitimité de l’action de plaidoyer est acquise, grâce à l’expertise développée par la société civile, et surtout la légitimité de la parole et du vécu des personnes vivant avec le VIH.
Le mouvement est à la professionnalisation de chargé.e.s de plaidoyer : des outils méthodologiques et l’expérience d’autres associations présentées dans le centre de ressources, peuvent appuyer leur travail quotidien.