Les enfants sont durement touchés par le VIH, notamment en Afrique subsaharienne où vivent 90 % d’entre eux. La transmission verticale (mère-enfant) est la principale voie de contamination chez les enfants. Elle se produit pendant la grossesse (in utero), lors de l’accouchement ou pendant l’allaitement. En l’absence de traitement, un tiers des enfants nés de mère séropositive est infecté par le VIH. Ces dix dernières années, malgré une baisse significative des nouvelles infections pédiatriques, les taux de transmission mère-enfant dans certains pays africains sont encore alarmants.
Pourtant, depuis 1994, des moyens médicamenteux existent pour réduire le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant. De la monothérapie par la Zidovudine (AZT) à la trithérapie, les protocoles thérapeutiques adaptés, associés à des pratiques saines d’accouchement, une alimentation par les substituts du lait maternel et un suivi régulier du couple mère enfant ont permis d’obtenir des taux de transmission mère-enfant inférieur à 1 % dans les pays occidentaux. Malheureusement, peu de familles dans les pays d’Afrique subsaharienne bénéficient de ces progrès. La fragilité des systèmes de santé, l’engagement insuffisant et non soutenu des politiques et des acteurs constituent des freins au passage à l’échelle des actions de prévention de la transmission mère enfant du VIH (PTME) et de prise en charge de l’infection chez l’enfant.
Parmi les importants défis à relever, la disponibilité permanente des services indispensables de PTME dont le dépistage des femmes enceintes et le traitement antirétroviral pour les mères séropositives et le nourrisson et ce, de façon décentralisée.
Si le dilemme face à l’alimentation de l’enfant exposé au VIH semble « résolu » en Afrique grâce aux dernières recommandations de l’OMS qui préconisent un allaitement maternel protégé par les ARV notamment dans les contextes à ressources limitées, le défi d’assurer un approvisionnement continu en ARV adaptés à la mère et au nourrisson reste entier.
Les techniques de dépistage précoce du VIH chez les nourrissons exposés, qui revêt une importance capitale dans la prise en charge pédiatrique, ne sont cependant que peu accessible, avec pour conséquence un accès faible et tardif des enfants infectés au traitement antirétroviral, alors qu’il est établi qu’en l’absence de traitement, un tiers des enfants infectés meurent avant l’âge de deux ans.
Le développement de formes galéniques adaptées aux nourrissons, aux enfants et adolescents infectés et la simplification des protocoles thérapeutiques permettraient d’assurer un meilleur accès au traitement d’une part, et les conditions d’une bonne observance du traitement en second lieu. Dans certains pays, du fait des ruptures fréquentes d’approvisionnement en ARV, de la faible gamme de molécules et des formulations pédiatriques disponibles, les professionnels de soin doivent s’adapter de façon permanente (autolimitation sur la prescription des ARV, jonglage entre formes adultes et pédiatriques, difficile équilibre entre simplicité et toxicité des traitements), ce qui complique et compromet la qualité de la prise en charge des enfants.
La complexité de la prise en charge pédiatrique réside également dans le manque de communication autour du VIH avec les enfants et adolescents infectés ; l’annonce du statut aux enfants infectés au moment opportun constitue par conséquent un challenge que les équipes doivent relever.
Avec l’augmentation dans toutes les files actives de la proportion d’adolescents infectés par le VIH, signe des progrès réalisés dans la prise en charge pédiatrique, les équipes voient émerger de nouvelles problématiques déstabilisantes, auxquelles elles doivent faire face : déni de la maladie, abandon volontaire du traitement ARV, grossesse précoce volontaire… La formation continue des acteurs du soin et une meilleure prise en compte des besoins spécifiques de ces adolescents sont des défis majeurs.
De même, la décentralisation des actions de prévention et de prise en charge pédiatrique reste centrale. Les associations de lutte contre le VIH en Afrique contribuent d’ailleurs à augmenter et diversifier l’offre de services de PTME, de soins et d’accompagnement des enfants exposés, infectés et affectés par le VIH, en collaboration souvent avec les autres acteurs locaux.
La problématique des orphelins du sida demeure également préoccupante, les programmes d’aide sociale, s’ils existent, ne proposent pas toujours une prise en charge optimale. Lorsqu’ils sont eux-mêmes infectés par le VIH, ces orphelins, souvent victimes de nomadisme familial, voire d’abandon, sont les plus exposés en termes de morbidité et de mortalité liées au VIH.
Enfin, la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les femmes, les enfants et adolescents vivant avec le VIH constituent des obstacles majeurs à l’accès ou à l’utilisation des services de prévention et de soins.